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L’anticipation et la prise en compte des risques est l’un des piliers de la gestion de projet. Tout problème mal anticipé a toutes les chances de déclencher des problèmes en cascade et mettre ainsi le projet en péril. L’identification, l’analyse et la prise en compte des problèmes potentiels sont donc indispensables en amont de tout projet. Nous allons vous présenter HAZOP (pour « HAZard and Operability studies »), une méthode d’analyse des risques particulièrement efficace.

Un peu d’histoire…

Il y a une cinquantaine d’années, en 1965, la société britannique Imperial Chemical Industries, l’une des plus grosses entreprises de l’industrie chimique au monde, a décidé d’améliorer les performances de ses processus et la sécurité de ses installations. Pour ce faire, la méthode HAZOP a été mise au point. Son objectif est d’identifier l’ensemble des dangers et des risques pouvant menacer un site industriel afin de pouvoir éviter tout événement indésirable.

La plupart des méthodes utilisées à l’époque étaient basées sur l’analyse d’événements antérieurs observés. HAZOP propose une approche originale en déterminant les dangers et les défauts d’une installation à priori et non à posteriori. Chaque processus est analysé en prenant en compte l’ensemble des paramètres le gouvernant. Ainsi, toute modification des paramètres est tracée et analysée de façon à détecter tout dysfonctionnement potentiel.

En 1974, l’industrie chimique vit sa plus grande catastrophe lorsqu’une explosion libère dans l’atmosphère de Flixborough, en Grande-Bretagne, un nuage de 40 tonnes de cyclohexane, qui fait 28 morts et 89 blessés. La méthode HAZOP va alors se répandre dans de nombreuses industries à risques (notamment dans la chimie et la pétrochimie, le nucléaire ou encore les transports).

Présentation de la méthode HAZOP

La gestion des risques est donc incontournable de nos jours, pour toutes les activités industrielles comme pour n’importe quel type de projet. Le principe est d’effectuer un examen rigoureux et systématique de l’ensemble des processus, industriels ou non, impliqués dans le système. Cet examen doit permettre d’identifier l’ensemble des dangers et des malfonctions d’un système. Chaque élément identifié comme étant à l’origine d’un risque est ensuite modélisé avec le plus de détails possibles de façon à comprendre comment son fonctionnement peut potentiellement amener à des dérives.

Le déroulement de la méthode HAZOP

L’utilisation de la méthode HAZOP se décompose en plusieurs phases. Une première phase de préparation est nécessaire en amont afin de déterminer s’il est pertinent de recourir à la méthode HAZOP plutôt qu’à une autre. Si HAZOP est retenue, il faut alors déterminer sur quel périmètre va porter l’étude, puis diviser la « ligne » (le système à analyser) en « nœuds » (sous-systèmes). Des spécialistes des différents domaines impliqués constitueront l’équipe qui procédera à l’analyse.

L’équipe va ensuite déterminer des mots-clés associés aux différents paramètres dont dépend le système et qui représenteront les différents types de dysfonctionnements pouvant être rencontrés. L’association d’un mot-clé et d’un paramètre du système détermine un dysfonctionnement potentiel. Par exemple, un paramètre « niveau d’eau » associé au mot-clé « inférieur à » et à une valeur indique une limite à ne pas dépasser. La norme CEI 61882 propose une liste des mots-clés couramment utilisés. L’équipe établit donc une liste de dysfonctionnements potentiels à partir des différentes combinaisons mots-clés / paramètres système.

Une fois la liste des anomalies potentielles établie, il faut analyser les causes possibles ainsi que les conséquences pouvant être engendrées par une défaillance si elle se produisait réellement. En fonction des résultats, des outils et des méthodes de détection des anomalies peuvent être proposés, et venir s’ajouter à ceux déjà existants.

A partir de cet inventaire des causes, des conséquences et des outils, l’équipe va être en mesure de produire des recommandations à suivre afin d’améliorer les processus de traitement des incidents s’ils arrivent ainsi que les outils et les méthodes de prévention des risques existants.

Il est impératif que la liste des anomalies possibles soit exhaustive, et que les causes, les conséquences et les différents moyens de prévention et de traitement soient recensés. Pour plus de lisibilité, les résultats de l’étude sont consignés dans un tableau regroupant mot-clé, paramètre pris en compte, cause possible, conséquence prévisible, méthode de détection de l’anomalie et moyen de prévention existant.

Pour conclure sur la méthode HAZOP

Comme nous avons pu le voir, la méthode HAZOP est avant tout basée sur la connaissance et l’expérience du système analysé. Par conséquent, si elle fonctionnera bien pour un système existant sur lequel on est capable de prendre du recul, elle sera plus difficile à mettre en œuvre pour un nouveau système. De plus, obtenir une liste exhaustive des risques encourus peut être particulièrement complexe lorsque le système étudié fait appel à plusieurs sous-systèmes externes, dans lesquels des anomalies peuvent être liées entre elles, les conséquences de l’une pouvant être le déclencheur d’une autre.

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